Fanen n'est pas, à la base, une fille. Oui, ca vous étonne sans doute, mais Fanen est né garçon, dans un petit hopital de campagne, au sein d'une famille très religieuse et conservatrice qui n'a pas beaucoup changé depuis les années 2000. Habitant sur leurs terres depuis des générations, ils sont tous fermiers, de père en fils, de mère en fille, et il n'y a jamais eu d'exceptions. Du moins, on ne parle pas des exceptions.
Etre exceptionnel était donc mal vu, et Fanen a du faire parti des lambdas, des normaux, pendant toute son enfance. Un niveau normal, à l'école. Une croissance normale, une éducation normale, un caractère normal. La vie était monotone et le petit bonhomme révait d'aventures, d'aller dans l'espace, se prenait pour un dauphin lorsqu'il nageait. Des rêves de petit garçon normal.

Seulement voilà, Fanen ne se sentait pas si normal que ça. Au début, ce n'était pas grand chose, une envie de garder les cheveux longs, quelques regards envieux vers les chaussures vernies de ses cousines, alors que lui portait de pauvres baskets déja bien abimées par une vie de jeu dans la cour de l'école. C'était de l'admiration pour les institutrices avec leurs boucles d'oreilles, leur maquillage et, aussi, leur poitrine. Il s'amusait à mettre le maquillage de sa mère, ce qui la faisait rire, quand il était petit. Ca ne la faisait pas rire, après. Plus les années passaient, plus le garçon exubérant commençait à subir des moqueries, des remarques un peu blessantes. Il pleurait trop facilement. Il était trop tactile, trop ami avec les filles, trop, toujours trop. Fanen, cependant, loin de changer sa façon de faire, n'en était que plus brillant, plus voyant. Les mauvaises langues mirent quand même du temps avant de revenir aux oreilles de ses parents, assez pour que leur fils soit passé au collège. Ils ne le controlaient plus, déja, et il était trop tard pour le transformer.
Il avait laissé pousser ses cheveux, portait toujours des vètements les plus féminins possibles, colorés, prenait soin de sa peau. Son père avait beau l'obliger à l'aider à la ferme, à lui mettre les mains dans le camboui, Fanen continuait, pleurant sur sa manucure ruinée. Sa mère faisait exprès de mal laver ses vètements pour les rendre gris, mais il trouvait des moyens d'en acheter des nouveaux. Rien ne résistait à Fanen. Ou du moins, il faisait en sorte d'oublier tous les obstacles.

Son pouvoir, son appartenance aux Sigma, c'était un secret. Personne n'avait rien remarqué, car les manifestations étaient minimes, souvent à l'école. Faire rire ses copines en allongeant son nez ou changeant la forme de ses oreilles, ca ne faisait pas grand bruit en dehors des enfants, et les adultes mettaient ça sur le compte de leur imagination. Bien sur, certains enseignants avaient compris, mais ils ne dirent rien, connaissant l'endroit où ils vivaient, les mentalités, et attendant de voir si ce pouvoir évoluerait ou non. Au collège, il passa inaperçu, caché sous sa personnalité flamboyante, alors qu'il ne s'en servait au final que pour affiner son visage ou sa taille. Au collège, il passa inaperçu, caché sous sa personnalité flamboyante, alors qu'il ne s'en servait au final que pour affiner son visage ou sa taille. C'était toujours un effort de le faire, mais il continuait, s'améliorant chaque jour un peu plus. Il n'avait que sa volonté sans faille, son caractère bien borné, pour ne pas se relâcher, même s'il finissait inlassablement par le faire à la nuit tombée, ne contrôlant rien dans son sommeil. Ce n'est qu'au lycée que son pouvoir se révéla aux yeux des autres ; alors que les garçons de sa classe et de son âge prenaient en carrure, en taille, lui se révélait être une vraie fleur, aux épaules fines et aux jambes longues. Une partie venait de sa génétique, bien sur, mais à force de tenter le diable en se féminisant, ce qui devait arriver arriva ; il perdit le controle de ses pouvoirs dans les vestiaires des garçons. Rapetisser de cinq centimètres devant les idiots du village ne passa pas inaperçu, et bien vite, toute l'école était au courant qu'il était un Sigma. D'un coup, les quelques Sigma au lycée vinrent lui parler, tentant de l'intégrer dans leur groupe, et après quelques semaines à tenter de jouer la carte du malentendu, il finit par céder, retrouvant le sourire et imposant sa bonne humeur sur ce petit groupe.

Bien sur, ses parents en entendirent parler. Bien sur, ils le prirent très mal. Mais Fanen avait eu la bonne idée de devenir ami avec la fille du maire, et ils attendirent que celle-ci partent aux études pour commencer à parler "d'exorciser" Fanen. Il endura pendant les mois qui lui restaient à vivre ici, puis fila à la capitale une fois son diplôme obtenu, rejoignant un cursus en danse, qu'il paya par ses propres moyens, jusqu'à ce que, réduit à la quasi-mendicité par ses parents et l'absence de travail, il ne finisse par arréter, trouvant un petit job de serveur. C'est là que, pour que ses parents ne le retrouvent plus, il abandonna toute prétention d'être un garçon, assuma sa sexualité spéciale et devint Fanen, la femme, la dévergondée, vivant dans son monde de paillettes et de garçons. Toute cette période de transition ne se fit pas sans mal, bien sur, mais cela fait bientôt deux ans qu'il vit ainsi, et que tous les gens qui viennent au Wilkyway ne le connaissent qu'ainsi, en "elle".  
Et c'est très bien comme ça !